“Roubaix, une lumière” : Arnaud Desplechin signe un beau polar nocturne

En compétition au Festival de Cannes, le premier polar réalisé par Arnaud Desplechin sort dans les salles.

Arnaud Desplechin s’offre un casting quatre étoiles dans Roubaix, une lumière, un polar nocturne et réaliste tourné dans sa ville natale des Hauts-de-France : Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier et Antoine Reinartz. Rare grande sortie française de l’été, le film arrive dans les salles mercredi 21 août. 

Polar détourné

C’est la nuit de Noël à Roubaix. Solitaire, le commissaire Daoud (Roschdy Zem) et Louis (Antoine Reinartz), son assistant fraîchement nommé, sont appelés sur un incendie. Le sinistre s’avère d’origine volontaire et un cadavre porte des marques de strangulation. L’enquête s’oriente vers plusieurs suspects, alors que d’autres affaires sollicitent Daoud : une fugueuse récidiviste ou un arnaqueur à l’assurance. L’incendie se révèle être le camouflage d’un meurtre. Deux jeunes voisines de la victime s’avèrent les principales suspectes qu’il faut faire avouer.

Le film de genre est de plus en plus détourné pour aborder des sujets de société, de civilisation ou politiques. Si la tendance n’est pas nouvelle, elle se vérifiait au dernier Festival de Cannes avec The Dead Don’t Die, film de zombies qui dénonce la surconsommation, ou Le Lac aux oies sauvages, polar sur la société chinoise. Pour la première fois, Arnaud Desplechin (voir son interview dans Soir 3) s’attaque au cinéma de genre, en mettant en scène une enquête policière. Il en fait le prétexte d’un film d’ambiance qui stigmatise une ville sinistrée, malade de sa décadence économique. 

Fiction documentaire

Le réalisme de la mise en scène évoque un documentaire de Raymond Depardon transposé en fiction. Ainsi les interrogatoires à répétition et le traitement en parallèle de plusieurs enquêtes rappellent Urgences ou Délits flagrants du documentariste. Le jeu hyperréaliste de Léa Seydoux et de Sara Forestier, en paumées alcoolisées, abonde également dans ce sens.

De cette noirceur ambiante émerge le commissaire Daoud, auquel Roschdy Zem apporte une humeur constante, attentive, protectrice, empathique envers ses suspects ou plaignants. Une figure humaine qui les tire toujours vers le haut, vers la lumière, grâce à lui, encore persistante à Roubaix. Estampillé réalisateur de films d’auteur, Arnaud Desplechin réussit son passage au cinéma de genre, tout en lui apportant sa touche unique. Beau film.

Sortie en salle le 21 août