Dans l’enseignement, après le 4 avril, où en sommes-nous ? Que faire pour bloquer Blanquer et ses projets ?

Mercredi 17 avril, Créteil : dans une conférence de presse, les représentants de quatre syndicats d’enseignants du premier degré du Val-de-Marne rendent public un appel lancé par plus de 250 directrices et directeurs d’école (sur les 615 que compte le département) exigeant le retrait pur et simple du projet de loi Blanquer. 

Quinze jours auparavant, le 4 avril, les enseignants, particulièrement dans les écoles, s’étaient massivement mis en grève avec des taux de grévistes de 70 % et davantage dans nombre de départements franciliens, avec des milliers d’écoles totalement fermées ou majoritairement en grève… Ils ont défilé regroupés par école, par établissement, en nombre avec leurs propres banderoles confectionnées avec des draps et des pancartes artisanales qui, dans leur quasi-totalité, revendiquaient le retrait des projets Blanquer. 

Depuis le 4 avril, dans des centaines d’écoles, les professeurs se réunissent, adoptent des motions pour réaffirmer leur volonté que soit retiré le projet de loi Blanquer et que soient satisfaites leurs revendications. À Paris par exemple, des dizaines d’écoles concluent leur motion en indiquant que les enseignants sont « prêts à se mobiliser notamment par le biais de la grève jusqu’à satisfaction des revendications »… et les adressent à leurs organisations syndicales. Dans les communes se multiplient les réunions associant parents et enseignants avec les syndicats pour la défense de l’école publique et le retrait de la loi Blanquer… 

Dans le second degré, l’indignation des enseignants contre la mise en place des réformes du bac, du lycée, contre les mesures de suppressions de postes ne cesse de s’exprimer par tous les canaux. Le 12 avril, des professeurs de philosophie du Val-de-Marne et de Seine-et-Marne, réunis par leurs inspecteurs autour des programmes de l’enseignement de spécialité HLP (humanités, littérature et philosophie), ont voté le boycott de cette « formation » pour y opposer l’exigence d’« abrogation des réformes Blanquer du lycée et du baccalauréat »… 

Mais, ce jeudi 18 avril, quelques centaines d’enseignants du premier et du second degré de la région parisienne ont manifesté dans les rues de Paris à l’appel de plusieurs organisations syndicales. Appelés à la grève à 48 heures du début des congés, les enseignants ont clairement rejeté cette proposition ; ils sont disponibles pour se mobiliser et combattre pour imposer le retrait, mais ils ne sont pas prêts à s’aventurer dans des initiatives éparpillées, disloquées et inefficaces. Forts de l’expérience des dix-sept journées d’action contre la loi Travail, ce qu’ils recherchent, c’est la voie de la grève, de la vraie grève, dans l’unité avec leurs syndicats, la grève qui fera plier le gouvernement et obtenir le retrait du projet de loi Blanquer. 

À quels problèmes sommes-nous confrontés ? Comment les surmonter ? 

Dans un article publié dans La Tribune des travailleurs au lendemain du 4 avril, nous écrivions : « Quelle n’a pas été la surprise (des milliers d’instituteurs réunis en assemblées générales le 4 avril pour envisager la suite) de s’entendre proposer des initiatives aussi multiples qu’inefficaces. Telle fédération syndicale proposant de faire grève deux jours par semaine en attendant la journée d’action de la fonction publique du 9 mai, une autre des journées “écoles mortes”, des “nuits d’école ”, des pique-niques… ou encore la grève des examens en juin ! 

Qui peut croire que de telles actions éparpillées, disloquées, qui diluent la puissance concentrée dans la grève et les manifestations de ce 4 avril feront reculer le gouvernement ? Qui peut croire qu’en dehors de la grève unie des enseignants et de leurs syndicats, il soit possible de faire céder le ministre Blanquer ? »

Cela reste la question posée. Ces derniers mois, les enseignants du second degré de Créteil, ceux du premier degré de Dreux, du Val-de-Marne, ont cherché à s’organiser avec leurs syndicats à partir de leurs assemblées générales d’établissement, en mandatant des collègues dans des assemblées générales de délégués. Cela a donné confiance par exemple à certains lycées pour reconduire la grève en février et organiser un rassemblement au ministère pour exiger l’abrogation des réformes Blanquer du bac et du lycée. 

Notre point de vue, comme enseignants du POID, le voici : le projet de loi Blanquer rejeté massivement par les enseignants et les parents, sera balayé si se dresse contre lui l’unité, à tous les niveaux, des enseignants et des parents avec les syndicats. Oui, il sera balayé par la grève unie avec les syndicats jusqu’au retrait. 

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