Pénurie de médicaments. À qui profite le crime ?

En 2018, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait recensé 868 ruptures d’approvisionnement. C’est trente fois plus qu’il y a dix ans. Plus de 1 200 traitements ou vaccins sont concernés : corticoïdes, anticancéreux, médicaments du système nerveux…
Et, à nouveau en 2019, la pénurie de médicaments, qui en met en danger des dizaines de milliers de patients (voir les témoignages ci-dessous), est de retour.
Selon le magazine économique américain Forbes, le marché du médicament est aujourd’hui le secteur le plus rentable au monde. En vingt ans, de 1999 à 2017, les onze plus grandes multinationales pharmaceutiques ont enregistré 1 029 milliards d’euros de dividendes dont elles ont reversé 90 % (soit 925 milliards) à leurs actionnaires.
Les causes de la pénurie de médicaments sont parfaitement identifiées : les multinationales utilisent tous les moyens possibles pour dégager le maximum de profits sur les médicaments.
Elles délocalisent dans les pays à bas coût sans se soucier des conditions d’approvisionnement ou de la qualité des médicaments produits. Elles abandonnent la production de médicaments peu rentables et se concentrent sur ceux qui rapportent le plus.
Cette pénurie est donc la conséquence d’une logique effroyable : à un bout de la chaîne, la pénurie de médicaments, à l’autre bout des profits monstrueux.
Une logique du profit en contradiction avec ce qui a toujours été la logique de la recherche médicale : la volonté de faire reculer la maladie.
Il faut en finir avec cette logique qui menace le droit aux soins ; et donc avec le système capitaliste qui ne vit que de cette soif de profits.
Et pour cela, il est urgent de rompre avec l’Union européenne et les gouvernements successifs qui se font les relais des exigences des marchés financiers.
Témoignages :
− Cancer : « A 62 ans, mon cancer de la vessie vient de récidiver. Je pensais redémarrer au plus vite la chimio mais cela a été plus compliqué. L’urologue a fini par lâcher : « Je n’ai pas d’Amécityne, je ne peux pas vous soigner. » – Le JDD du 18 août 2019
− Maladie de Parkinson : en septembre dernier, un laboratoire décidait de suspendre pour neuf mois la production d’un médicament pourtant officiellement classé d’un intérêt thérapeutique majeur, le Sinemet. Le mari d’une patiente s’indigne : « C’est insupportable. J’ai fait la tournée des pharmacies jusqu’à 35 kilomètres pour en trouver. Il ne nous reste plus que 5 semaines de stocks… après, c’est le flou. » – Le Parisien du 17 janvier 2019
− Epilepsie : le Di Hydan, médicament contre cette maladie est régulièrement indisponible. Les parents d’un jeune polyhandicapé racontent leur calvaire : « On vit dans la peur d’une pénurie de médicament pour notre fils épileptique. On a failli le perdre deux fois… » – Ibidem

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