Plus de six semaines ont passé depuis le 5 décembre durant lesquelles des millions de travailleurs et de jeunes n’ont cessé de se dresser, par la grève
et la manifestation, contre le projet Macron-Philippe de destruction de tous les régimes de retraite.
Rien n’est réglé : une nouvelle fois, le 16 janvier, des centaines de milliers sont descendus dans la rue pour exiger le retrait. Certes, Édouard Philippe, dans le projet de loi rendu public et dans sa lettre du 11 janvier, réaffirme l’intégralité du plan de ce gouvernement et sa volonté de passer en force. Mais chaque jour qui passe voit grandir le rejet de ce gouvernement, rejet majoritaire dans le pays.
Rien n’est réglé, mais tout peut se régler en faveur des travailleurs. Le mouvement en cours est le plus puissant que ce pays a connu depuis des décennies. Mais il souffre aujourd’hui du morcellement en journées d’action saute-mouton. La puissance de ce mouvement tient d’abord à ce
qu’il est venu d’en bas, depuis la grève de la RATP du 13 septembre dernier. Puissance de la volonté des travailleurs d’organiser et contrôler leur propre mouvement, avec des assemblées générales qui décident, avec des comités de grève et des piquets de grève, organes de la prise en main par les travailleurs eux-mêmes de leur mobilisation.
Cette puissance du mouvement venu d’en bas ne signifie pas que les organisations n’ont pas un rôle à jouer. Les confédérations CGT et CGT-FO,
ainsi que la FSU et Solidaires, ont pris leurs responsabilités en appelant à la grève à partir du 5 décembre et en formulant l’exigence du retrait du projet. Dans les assemblées générales et les piquets de grève, les militants s’organisent avec leurs syndicats. Aujourd’hui, face au blocage du gouvernement, les travailleurs sont de plus en plus nombreux à poser la question de l’appel à la grève générale par les directions des organisations syndicales.
Le 24 janvier, le gouvernement prétend faire passer au Conseil des ministres son projet anti-ouvrier, dicté de A à Z par les exigences du capital financier et de l’Union européenne. À juste titre, les secrétaires généraux
des deux confédérations CGT et CGT-Force ouvrière, dans leurs lettres de réponse à Édouard Philippe, réaffirment leur rejet de ce projet.
Le 24 janvier, à nouveau, les travailleurs sont appelés à descendre dans la rue. Mais si le 24 au soir, comme cela est probable, le gouvernement confirme son intention de passer en force, que faudra-t-il faire ? Y aura-t-il une autre voie que l’organisation de la grève générale dans l’unité, dans les assemblées générales de travailleurs et les piquets de grève, en prenant appui sur un appel clair et net à la grève générale lancé par les confédérations syndicales unies ?
Depuis le 5 décembre, La Tribune des travailleurs occupe une place nouvelle. Cette place nouvelle se mesure à l’extension grandissante de sa diffusion (qui a atteint son plus haut niveau, depuis le lancement de La Tribune des travailleurs, avec la diffusion du numéro 221 titré : « Qu’ils s’en aillent, Macron et sa réforme ! »).
Elle se mesure aussi aux centaines d’entreprises dans lesquelles, chaque semaine, des travailleurs et des délégués qui ne sont pas membres du POID la font circuler. Elle se mesure à la progression constante du nombre de
correspondants, y compris venus d’autres courants du mouvement ouvrier.
De plus en plus nombreux sont les travailleurs et les militants de toutes tendances qui utilisent La Tribune des travailleurs comme un instrument au service de leur lutte et des travailleurs en lutte. Nous allons travailler à renforcer cette place particulière qu’occupe désormais La Tribune des travailleurs. Car sa vocation – et celle du POID – est d’aider les travailleurs à lutter pour gagner et, pour cela, à s’organiser. La place de La Tribune
des travailleurs ainsi appréciée par un nombre grandissant de travailleurs, militants et jeunes est celle d’un journal ouvrier qui fournit les informations nécessaires à la lutte de classe et les fait circuler sans filtre, mais aussi celle d’un hebdomadaire qui soumet ses analyses et organise le débat, sur les questions cruciales de la lutte de classe. Par exemple : Faut-il, oui ou non, appeler à la grève générale, et qui doit y appeler ?
C’est bien de la lutte des classes qu’il s’agit : les travailleurs, d’un côté, les capitalistes et le gouvernement, de l’autre, défendent des intérêts totalement contradictoires. D’un côté, BlackRock, les fonds spéculatifs
nord-américains, et tous les rapaces capitalistes dictent leurs exigences de profit. De l’autre, les travailleurs luttent pour leur vie, leur survie, celle de leurs enfants et de leurs familles et sont confrontés dans cette lutte à un déchaînement des violences répressives. La Tribune des travailleurs et le POID ont été constitués pour aider à l’organisation et au développement de cette lutte de classe, qu’il s’agisse de la lutte de classe directe, ou qu’il
s’agisse de cet autre terrain de la lutte de classe qu’est le terrain électoral.
Les élections municipales se tiendront dans moins de deux mois. Sur ce terrain d’action (comme sur tous les autres), nos positions sont claires : on ne peut condamner la politique du gouvernement au plan national et la
relayer dans la gestion municipale, ce que font pourtant depuis six ans nombre de municipalités sortantes dites de gauche. Le CFN enregistre que dans au moins 81 communes les adhérents du POID participent à la constitution de listes qui regroupent, au-delà du POID, ceux qui refusent de faire au plan municipal les concessions au macronisme qu’ils combattent au plan national. Citoyens, travailleurs, groupes, et organisations qui, au
plan local, veulent préserver les services publics existants et imposer le retour au service public de ce qui a été privatisé, bloquer les tarifs des services municipaux, refuser de faire porter à la population laborieuse les
conséquences de la politique du gouvernement et de l’Union européenne savent qu’ils peuvent compter sur le POID pour défendre ensemble ces exigences dans les élections municipales. Mais qu’on ne compte pas sur le
POID, au nom de l’« unité contre Macron », pour valider au plan local ce qu’il combat au plan national.
Pour le POID, il s’agit, dans tous les domaines, de mettre en oeuvre une politique ouvrière conforme aux intérêts des travailleurs. Il s’agit de combattre pour aider les travailleurs à gagner de la plus petite des revendications à la plus grande. Le POID ne craint pas les conséquences politiques d’une grève générale, bien au contraire ! Si, pour conserver les acquis de civilisation et les reconquérir, il faut rompre avec les institutions
de la Ve République et de l’Union européenne, s’il faut pour cela chasser Macron et sa politique dès maintenant sans attendre 2022, en quoi cela serait-il contraire aux intérêts des travailleurs ? Le POID combat pour aider les travailleurs à gagner l’Assemblée constituante souveraine, gagner la prise du pouvoir entre leurs mains pour instaurer un gouvernement des travailleurs pour les travailleurs par les travailleurs, un gouvernement où l’économie sera mise au service de l’immense majorité et non au service des profits d’une poignée d’exploiteurs et de profiteurs. Cela est vrai également au plan international. À l’heure où Trump menace de déclencher une guerre embrasant le monde entier en tirant à sa suite tous les gouvernements capitalistes (à commencer par celui de Macron), à l’heure où, de l’Algérie au Chili, de la Chine à l’Iran et sur tous les continents, les peuples et la jeunesse se dressent pour la démocratie, la souveraineté et
la liberté, nous avons le devoir de travailler à l’union de tous. Des travailleurs et militants de plus de 50 pays ont répondu à la proposition d’une conférence ouvrière internationale contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière, fin 2020 à Paris. Un meeting internationaliste sera organisé à Paris à cette occasion. C’est pourquoi le Parti ouvrier indépendant démocratique lance une souscription exceptionnelle afin d’accueillir en France les délégués venus de ces différents pays pour combattre ensemble pour l’unité de l’action internationale de la classe ouvrière, des opprimés et des exploités.
Nous n’ignorons pas que le combat est difficile et les obstacles nombreux. Le combat de la classe ouvrière a toujours été un combat difficile et il a pourtant remporté un certain nombre de résultats. Nous n’ignorons pas l’enjeu de ce combat : la défense des droits ouvriers conquis de haute lutte, l’avenir de nos enfants et petits-enfants, la défense des jeunes générations par la préservation de tout ce que les générations précédentes ont su arracher et que le capitalisme aux abois veut détruire. Plus généralement, c’est la survie du genre humain et de son environnement, de la civilisation
humaine dans son ensemble qui est aujourd’hui menacée. C’est le combat de la classe ouvrière ouvrant la voie de la rupture avec le capitalisme qui aura la capacité de l’empêcher.
C’est pour mener ce combat et pour aider les travailleurs à le gagner que nous invitons celles et ceux qui en partagent les objectifs à poursuivre la discussion engagée dans La Tribune des travailleurs et à construire ensemble le Parti ouvrier indépendant démocratique.
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