En annonçant le début du déconfinement partiel le 11 mai prochain – en particulier la réouverture scolaire dans ces conditions –, Macron n’a pu dissimuler ses véritables motivations. Ce n’est pas l’amélioration de la situation sanitaire de la population qui guide cette décision mais l’exigence répétée du Medef et de la classe capitaliste : les profits ne peuvent attendre davantage, il faut rouvrir les entreprises, quels qu’en soient les risques pour les salariés, les enseignants, les enfants.
Dans la nuit du 17 au 18 avril, Macron a fait voter, sa deuxième loi de finances rectificative : 410 milliards d’euros dont plus de 400 milliards destinés aux banques et aux entreprises. À quoi s’ajoute une fraction importante des 540 milliards d’euros d’aide aux banquiers et aux capitalistes votés la veille par le Parlement européen en accord avec la Banque centrale européenne (BCE).
Après les ordonnances qui instaurent la possibilité de la semaine de 60 heures de travail, les mesures se multiplient qui confisquent RTT et congés payés et condamnent un nombre croissant de travailleurs au chômage partiel, tandis que les licenciements se multiplient, et que la faim sévit dans les familles populaires et dans la jeunesse.
Dans la nuit du 17 au 18 avril, l’Assemblée nationale a donc adopté la loi des 410 milliards. Les députés de l’extrême droite de Mme Le Pen, Les Républicains, les macronistes et les députés du Parti socialiste ont à nouveau voté ensemble pour adopter cette loi. Ceux du Parti communiste français, qui avaient voté pour la première version de cette loi (19 mars) offrant 340 milliards aux capitalistes et aux banquiers, se sont cette fois abstenus, tandis que ceux de La France insoumise, qui, eux aussi, avaient voté pour la loi du 19 mars, ont cette fois voté contre.
Depuis le vote unanime de l’Assemblée nationale le 19 mars, et s’appuyant sur lui, Macron et son entourage multiplient les appels à l’union nationale. Mais dans tout le pays se multiplient les grèves et les mouvements de lutte de classe, exprimant la colère qui monte contre l’application des ordonnances, contre les licenciements, contre l’irresponsabilité d’un gouvernement incapable d’assurer une protection sérieuse contre la pandémie et qui s’engage d’une manière non maîtrisée dans cette prétendue reprise du 11 mai.
On ne peut marier l’eau et le feu. L’union nationale appelée de ses voeux par Macron et son entourage (et toute une série de forces politiques) n’est qu’un paravent derrière lequel le gouvernement déchaîne une offensive débridée contre les travailleurs, leurs droits et la jeunesse, pour leur faire payer les conséquences de leur crise.
À la proposition d’un gouvernement d’union nationale, le Parti communiste français a répondu en proposant la création « d’un comité d’urgence nationale » dont L’Humanité (1) précise qu’il devrait associer « forces politiques,
syndicales et patronales ». De son côté, La France insoumise rejette la formation d’un gouvernement d’union nationale mais se prononce pour « l’unité d’action indispensable pour combattre l’épidémie » avec Macron et son gouvernement (2).
Il faut dire les choses clairement : les intérêts des exploités et des opprimés sont contradictoires avec toute forme d’union nationale ou d’unité d’action avec Macron et son gouvernement.
C’est la réquisition qui est nécessaire. Les 410 milliards doivent aller non pas aux banques mais au peuple travailleur, pour l’emploi, la santé, l’école. La réquisition des 410 milliards et des avoirs des banques permettra de financer l’annulation des dettes des travailleurs, de leur loyer et de leurs
charges diverses. La réquisition des entreprises qui prétendent continuer à imposer l’exploitation pour dégager des profits permettra d’interdire les licenciements. À l’union nationale peut et doit s’opposer l’unité ouvrière, l’unité des travailleurs et des organisations pour que soient prises les
mesures d’urgence qu’appelle la situation.
Le bureau national du Parti ouvrier indépendant démocratique se félicite de l’écho remporté par la campagne pour la réquisition des 410 milliards. Il se félicite du succès du meeting du 10 avril (par visioconférence) convoqué sur ce mot d’ordre. Il se félicite de l’augmentation du nombre d’abonnés à La Tribune des travailleurs et de voir nombre de travailleurs, jeunes et militants rejoindre notre parti depuis le début de la période de
confinement. Tous ressentent la nécessité de regrouper les forces pour le combat, de regrouper les forces pour la réquisition de tous les moyens nécessaires au service du peuple travailleur et pas des banques. Le bureau
national appelle à renforcer ce déploiement en particulier autour de La Tribune des travailleurs et à assurer le succès du meeting international du 1er-Mai.
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