« Début d’année en fanfare pour l’ensemble des Bourses mondiales » : sous ce titre plein d’espoir, le journal Les Échos (11 janvier) nous apprend que la Bourse de Paris a battu de nouveaux records en ce début janvier. Quelques jours plus tôt (30 décembre), le même journal signalait que le « magot » amassé par les entreprises qui ont « recouru sans modération aux prêts garantis par l’État » (PGE) leur sert à spéculer et à licencier.
130 milliards d’euros ont déjà été accordés aux entreprises au titre de ces PGE dont – on vient de l’apprendre – les remboursements pourraient être différés. La suite est facile à deviner : au bout du bout, d’ici à quelque temps, il y aura 200 ou 300 milliards d’euros de prêts garantis par l’État qui pour partie ne seront pas remboursés. Alors le gouvernement invoquera – il l’annonce dès maintenant – l’argument de la dette pour remettre en cause la Sécurité sociale, les services publics, les retraites, les salaires…
Aberrant en pleine crise ? D’un point de vue moral, sans doute. Mais du point de vue de la logique capitaliste, tout est normal : patrons, banquiers et spéculateurs profitent de la crise pour faire enfler leur « magot », comme ils l’appellent eux-mêmes, et le gouvernement est à leur service.
Ce qui en revanche semblera moins normal aux travailleurs, c’est que cette loi du 19 mars 2020 qui distribue par centaines de milliards les garanties de l’État aux capitalistes qui spéculent et détruisent les emplois a été votée par l’Assemblée nationale unanime, incluant toutes les composantes de la « gauche » !
Et cela continue… Au moment même où dans tout le pays les travailleurs multiplient les grèves pour les revendications et se dressent contre Macron et sa politique, La Dépêche du Midi (8 janvier)interroge Jean-Luc Mélenchon au sujet de Macron et de Véran : « Vous leur suggérez de céder la place ? » À quoi Mélenchon répond : « Non, mais d’être moins seuls. Je conteste un système de prise de décision en très petit nombre. »
Ainsi donc, elle devrait se prolonger, cette union sacrée scellée entre la gauche, le centre, la droite et l’extrême droite à l’Assemblée nationale le 19 mars ? Au point d’encourager Macron à rester au pouvoir ?
Pour n’importe quel travailleur aujourd’hui confronté aux licenciements, à la hausse des tarifs d’EDF, à la destruction des services publics, à la remise en cause du droit aux études, pour les lycéens, pour les étudiants, pour les mères de famille, pour n’importe quel travailleur révolté par le désastre sanitaire qu’impose ce gouvernement à chaque étape de la crise, l’urgence, ça n’est pas d’aider Macron à être « moins seul », c’est l’inverse : l’intérêt des exploités, des opprimés, des travailleurs, des jeunes est d’isoler Macron et son gouvernement, de rassembler largement contre sa politique pour le faire reculer et de se préparer à le chasser.
Tel est le point de vue ouvrier et démocratique auquel quiconque se réclame de cette tradition devrait en toute logique adhérer.
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