Fabienne Berthaud adapte le livre Mon initiationchez les chamanes, de Corine Sombrun, interprétée à l’écran par une Cécile de France inspirée. Entrebeautédocumentaireetimmersionintime,un film aurythme inégal, mais qui produit de vives sensations.
Pour son quatrième long métrage, Fabienne Berthaud adapte le livre Mon initiation chez les chamanes, de Corine Sombrun. Le film se concentre sur la période d’apprentissage de la jeune femme, partie travailler comme preneuse de son auprès d’un peuple nomade de Mongolie, après le décès de son mari. Difficile pari que celui d’Un monde plus grand, donc, puisqu’il s’agit d’y mêler un récit quasi-documentaire à une quête intime de soi, à travers la pratique de la transe chamanique.Préparé par un imposant travail de documentation, tourné en étroite collaboration avec Corine Sombrun elle-même,avec une caméra tantôt sur pied pour capter la beauté des paysages, tantôt à l’épaule pour saisir les visages et les corps dans l’exiguïté des tipis, le film est une réelle plongée immersive, au cœur d’un peuple et du paysage dans lequel il s’inscrit. Par ailleurs, Fabienne Berthaud parvient intelligemment à filmer les scènes de transe,en optant pour un travail expérimental de l’image et du son, inspiré d’Artavazd Pelechian – si bien qu’il est toujours, dans ces séquences, question de ressentir et non d’expliquer. Si ces deux aspects du film (extériorité de l’observation documentaire et intimité de la transe immersive) sont ainsi particulièrement réussis,certaines scènes maladroites (celles avec la sœur de Corine, ou les quelques dialogues censés apporter un peu de légèreté à la fiction)peinent à constituer un lien convaincant entre les deux tonalités. Malgré cela, Un monde plus grand reste un film fort, original, qui doit beaucoup à l’interprétation totale, généreuse, engagée, à la fois physique et cérébrale, de Cécile de France.
Source : Les fiches du cinéma