Le front national, qui vient d’être créé, n’est encore qu’un groupuscule. Et pourtant la lepénisation des esprits bat son plein à Marseille. Il ne fait pas bon être arabe lors de cet été 1973. La guerre d’Algérie n’est pas finie pour tout le monde. Lorsque Malek Khider, 16 ans, est assassiné, l’improbable et récurrente thèse du règlement de comptes est avancée pour étouffer le meurtre. Mais Daquin, jeune commissaire parisien de 27 ans dont c’est le premier poste , ne se satisfait pas de ce mensonge. Le frère de la victime non plus. Avec une écriture incisive, Dominique Manotti éclaire les coins inexplorés de notre histoire postcoloniale en convoquant les polices marseillaises, les pieds noirs de l’union des Français repliés d’Algérie, proche de l’OAS, le syndicat des travailleurs algériens, la justice et les médias qui ne se privent pas d’attiser le racisme. Ce beau roman, en prise avec le réel, résonne puissamment, à l’heure où des millions de manifestants demandent à la police de faire peau neuve, afin que les forces de l’ordre deviennent enfin gardiens de la paix.
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