Voici les faits.
Mercredi 12 mai, la Préfecture de Police de Paris interdit un rassemblement convoqué par diverses organisations, aux abords du ministère des Affaires étrangères, où une délégation de représentants de l’Association France-Palestine solidarité (AFPS), de la CGT, de La France Insoumise et du PCF est reçue. A la sortie du Ministère, le président de l’AFPS, Bertrand Heilbronn, est arrêté et placé en garde à vue pendant plusieurs heures.
Jeudi 13 mai à 15 heures, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, déclare à propos de la manifestation de solidarité avec le peuple palestinien du samedi 15 mai (autorisée par la Préfecture de police de Paris) : « A Paris, j’ai demandé au Préfet de police d’interdire les manifestations de samedi (15 mai – Ndr) en lien avec les récentes tensions au Proche-Orient. De graves troubles à l’ordre public furent constatés en 2014. »
Jeudi 13 mai dans la soirée, par l’arrêté 2021-00432, le Préfet de police de Paris interdit la manifestation du 15 mai. Cet arrêté piétine le principe démocratique du droit de manifester une opinion. De fait, les motivations de cet arrêté reviennent à dire que cette manifestation est interdite parce qu’elle va à l’encontre de la politique étrangère du gouvernement. Délibérément, cet arrêté pousse à l’affrontement entre « communautés », alors que le thème de la manifestation était une position légitime de protestation contre la politique d’un gouvernement étranger, et non pas une affaire « intérieure ».
Ces faits sont d’une extrême gravité.
Alors qu’il vient de faire voter la levée de l’état d’urgence à l’Assemblée nationale, la décision prise par le gouvernement Macron et son ministre de l’Intérieur d’interdire une manifestation au motif que celle-ci n’est pas conforme avec sa politique étrangère, est le franchissement d’un cran extrêmement dangereux. Car cette décision crée un précédent qui se retournera demain contre toute organisation, parti, syndicat, association souhaitant exercer son droit de manifester à l’encontre de tel ou tel aspect de la politique du gouvernement. C’est la liberté d’expression qui est remise en cause.
Faut-il rappeler qu’aux Etats-Unis – dont le gouvernement est pourtant le principal soutien de Netanyahou et de l’Etat d’Israël – toutes les manifestations de soutien au peuple palestinien convoquées ces dix derniers jours dans les grandes villes, de New York à Chicago, ont été autorisées et se sont déroulées sans aucun incident ?
Mais dans sa dérive antidémocratique, le gouvernement Macron et son ministre de l’Intérieur, utilisant tout l’arsenal arbitraire des institutions de la Ve République, délivrent un message politique : « Silence, on massacre ! »
Le Parti ouvrier indépendant démocratique (POID), qui a fait connaitre sa position *, condamne avec la plus grande fermeté l’interdiction du rassemblement du 12 mai, l’interdiction de la manifestation du 15 mai et l’arrestation du président de l’AFPS.
Quand les libertés démocratiques sont foulées aux pieds par le gouvernement, il est du devoir de toutes les organisations se réclamant du mouvement ouvrier et de la démocratie de faire bloc pour faire reculer les mesures liberticides.
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