Cette année, l’épidémie de bronchiolite est précoce. Mais elle était totalement prévisible. Pourtant, le système hospitalier est tellement à bout de souffle, en raison de la politique d’asphyxie des hôpitaux menée par les gouvernements successifs depuis des décennies, que les services de pédiatrie ont été rapidement saturés.
C’est ce que dénoncent 4 000 soignants en pédiatrie dans une lettre au président de la République (21 octobre):
« Après deux semaines seulement d’épidémies hivernales, habituelles et prévisibles, les services de réanimations pédiatriques partout en France sont saturés, les services d’hospitalisation débordent, les soins dits non urgents sont reportés et plus de quinze enfants parisiens ont été transférés hors région, à Reims, Rouen, Amiens, Orléans, alors que leur situation médicale était critique (…). Nous dénonçons ici la dégradation criante des soins apportés aux enfants qui les met quotidiennement en danger. Il est urgent de pouvoir rouvrir des lits dans les services de pédiatrie en arrêtant la fuite des soignants et en recrutant des jeunes passionnés (…). Monsieur le Président, la pédiatrie ne paraît plus être une priorité, pourtant ces enfants sont l’avenir. Les dirigeants actuels et passés ont fermé les yeux sur l’abandon de l’hôpital public et des services de pédiatrie. Ils sont désormais responsables des conséquences sur la santé des enfants. »
La réponse du ministre Braun ? 150 millions d’euros !
« C’est un affront de recevoir ce type de réponse », s’étrangle le docteur Julie Starck, spécialiste de réanimation néonatale et pédiatrique à l’hôpital Trousseau à Paris. « Un chiffre dérisoire qui ne couvrira pas les besoins », poursuit-elle.
150 millions pour répondre à une « situation grave et même un peu préoccupante », selon les propos mêmes de la directrice de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France (25 octobre) !
Pour permettre à l’hôpital public de réaliser sa mission – soigner les bébés, les enfants et toute la population –, ce n’est pas de 150 millions qu’il a besoin, mais de milliards.
Et ils existent. Il suffit d’aller les chercher dans les coffres-forts des spéculateurs !
L’argent pour les hôpitaux, pas pour la guerre, ni pour les spéculateurs !