Sarkozy, Guéant, Takieddine, Djouhri et Kadhafi… Ce sont les héros de cette BD politico-financière qui affirme que “toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait non fortuite”… La BD “Sarkozy-Khadafi, des billets et des bombes” est la mise en image de l’enquête journalistique (et judiciaire) qui a abouti à la mise en examen de l’ancien président de la République. Du lourd !
La bande dessinée de plus de 200 pages, au trait efficace signé Thierry Chavant, raconte l’enquête qui a valu à Nicolas Sarkozy d’être mis en examen en 2018 dans l’affaire de financement de sa campagne électorale de 2007.
“On parle ici d’un ancien chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, et de ses proches soupçonnés d’avoir touché de l’argent d’une dictature, la Libye. (…) On parle d’une guerre, d’une intervention militaire en Libye, en 2011, déclenchée dans les conditions troubles“, écrivent les auteurs, Fabrice Arfi (journaliste à Médiapart), Benoit Collombat et Elodie Guéguen (Radio France), Michel Despratx et Geoffrey Le Guilcher (journalistes indépendants).
Cette BD n’est pas une fiction. On est plus dans le document politique que dans l’imagination débridée d’un auteur de polar à succès… et pourtant tous les ingrédients d’une série télé sont là. Un président qui veut gagner son élection, un dictateur manipulateur, des seconds couteaux plus ou moins honnêtes, des hommes de l’ombre, des morts suspects, des agents secrets, des mallettes de billets et même une vraie guerre qui aboutit à la mort du dictateur (Kadhafi) détenteur de secrets compromettants…
L’histoire commence justement avec des scènes de la guerre de 2011 lors de la mise à mort de Kadhafi après une attaque d’avions français sur son convoi. A partir de cet épisode violent, les auteurs retracent les liens entre le dictateur libyen et Nicolas Sarkozy. Des liens qui commencent bien plus tôt, avant l’élection de 2007.
“Cette bande dessinée est le fruit de multiples témoignages recoupés et de documents authentiques, recueillis après plusieurs années d’enquête journalistique mais aussi judiciaire“, écrivent les auteurs.
“On est dans une histoire de financement politique, de financement personnel et de trafic d’influence à l’échelle géopolitique“, explique Fabrice Arfi.
L’arme de la bande dessinée est ici extrêmement utile pour résumer un dossier complexe, touffu, plein de rebondissements. “La force de la bande dessinée, c’est de rendre visibles, lisibles, des choses qui peuvent paraître lointaines, comme par exemple les mouvements financiers”, précise Benoît Collombat.
Le résultat est diaboliquement efficace. L’histoire se déroule avec logique, les faits s’enchaînent avec la rigueur d’un impitoyable scénario. Les personnages prennent de l’épaisseur, gagnent en réalité par rapport à un article de journal. Au point qu’on se demande si tout cela est possible, tant le dossier est pesant et interroge sur notre démocratie.
Quant à la conclusion de cette histoire, toujours en cours d’instruction, ce sera aux juges d’en décider car aucune condamnation n’a pour l’instant eu lieu.