Une camionnette abandonnée en plein désert, réservoir vide. Son propriétaire supposé, Marley Thompson, un Aborigène ancien grand espoir du football, a disparu après une tournée d’inspection des réservoirs et pompes à eau de l’exploitation agricole sur laquelle il était employé. Voilà le nouveau casse-tête de l’inspecteur Jay Swan, lui aussi d’origine aborigène, délégué sur les lieux quitte à faire grincer des dents au sein de la police locale, à commencer par celles du capitaine chef Emma James. Et une propriété de 1 000 km² n’est pas exactement l’idéal pour retrouver un individu. Il va pourtant sacrément y mettre du sien, notre inspecteur, avec ses méthodes qui ne suivent pas toujours les procédures habituelles.
Spin-off du film du même nom sorti en 2013 avec déjà le même Aaron Pedersen dans le rôle de Jay Swan mais cette fois sans Hugo Weaving (l’agent Smith de Matrix) et de sa suite, Goldstone, en 2016, Mystery Road… tient joliment la route ! Rebondissements et fausses pistes avec deals de drogues, accusations de viol et enlèvements, décors naturels mis en valeur à grand renfort de vues aériennes (le budget drones a été vite amorti), rien ne manque. S’il s’agissait de pinailler pour pinailler, on pourrait reprocher à la série d’en faire parfois trop dans cette quête de la belle image et du cadrage qui va bien… si elle n’y parvenait pas avec une belle régularité. Mais la vraie force de Mystery Road réside dans ses personnages bien campés et ce bien au-delà de la rivalité Swan-James qui va naturellement se muer en complémentarité à défaut de complicité. Tous les seconds rôles en incarnent la sève, les féminins notamment, à commencer par Shevorne, la serveuse du Croc Bar vers qui tout semble converger, ou Crystal, la fille de Swan qui ne semble guère sensible à l’autorité que son père essaie d’avoir sur elle. Deux rôles féminins et aborigènes là encore, permettant à la série de s’immiscer dans ce “vivre ensemble” à l’australienne qui n’oublie jamais les rancœurs passées mais de l’évoquer à pas feutrés comme pour préserver l’universalité du polar de base. À moins que Mystery Road ne trouve là le meilleur écueil à la lenteur avec laquelle l’intrigue se développe parfois, comme si la chaleur accablante de cet autre Far West avait le même effet anesthésiant sur son rythme que sur celui des différents protagonistes dans leurs mouvements.
À défaut donc d’apparaître comme le True Detective australien qui avait attisé bien des curiosités à son égard — il n’est pas assez “glauque” pour y prétendre tout à fait —, Mystery Road demeure passionnant à suivre et l’attente de retrouvailles futures avec l’impassible Jay Swan réelle, devant un grand comme un petit écran.
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