La clinique privée Labat a été, en janvier dernier, placée en redressement judiciaire. Un plan social prévoit la suppression de 18 postes sur 65. Sont menacés par conséquent les 23 lits de chirurgie opérationnelle correspondant à ces postes. Le plan prévoit également la dénonciation des contrats avec les chirurgiens, pouvant impliquer leur départ. L’agence régionale de santé (ARS) appuierait la proposition de reprise de la chirurgie à l’hôpital d’Orthez, mais celle-ci deviendrait un service ambulatoire. Magali, Manuella et Lamia sont toutes trois salariées et syndicalistes CGT à la clinique Labat. Elles racontent.
Quelle est la situation de la clinique Labat ?
L’administrateur judiciaire a présenté les finances de l’établissement. Il n’est pas optimiste concernant un retour à leur équilibre. Nous avons dénoncé, en tant que déléguées du personnel, ce plan social, car le personnel n’est pas responsable des dettes. Par ailleurs, la suppression de 18 postes ne garantit plus le bon fonctionnement de la clinique. Son directeur propose que les personnels de l’hôpital aident et, s’il y a moins d’activité à la clinique, que les personnels de la clinique aident à l’hôpital. Nous lui avons répondu qu’avec des personnels en moins, les autres seront débordés et qu’il y aura des arrêts de travail en raison de la surcharge de travail reposant sur les collègues restants.
Quelle a été la position des délégués du personnels ?
Quatre délégués du personnel (deux CGT, deux CFDT) étaient présents. La CGT a donné un avis défavorable ; la CFDT a émis un avis réservé. Leur position repose sur l’acceptation des 18 licenciement pour sauver la clinique. Nous, on pense que cela ne sauvera rien et que le plan social va mettre en danger les personnels et les patients. Une assemblée générale a été organisée qui a réuni une trentaine de salariés. Nous avons proposé d’en appeler aux élus et à la population pour sauver les postes et toute la chirurgie. Le 30 janvier, nous avons organisé, avec l’union locale CGT et l’union syndicale départementale CGT santé, une première réunion publique. Lors de cette réunion, décision a été prise d’organiser une manifestation à Orthez, le 16 février. Le contact a été établi avec les élus (maires, député, sénatrice, conseillers départementaux) afin qu’ils se prononcent pour le maintien de toute la chirurgie et de tous les postes à Orthez. Tous les maires des communautés de communes de Lacq-Orthez et du Béarn des Gaves ont pris position en ce sens (plus de 100 maires). Une deuxième réunion s’est tenue la semaine suivante qui a rassemblé plus de 50 personnes, dont le président de la communauté de communes de Lacq-Orthez qui a invité tous les élus à participer à la manifestation du 16 février avec leur écharpe tricolore.
Quelles sont les initiatives du comité de soutien ?
On a sollicité tous les élus, les organisations syndicales de l’hôpital (CGT et FO), les partis politiques (POID, PCF, etc.). On a lancé une pétition qui a déjà recueilli 1 200 signatures. On a rencontré la directrice et le directeur adjoint de la délégation départementale de l’ARS. Ils nous ont expliqué que le maintien de la chirurgie était acté pour le pôle de santé à Orthez. Mais quand on pose la question : « s’agit-il de toute la chirurgie ? », ils expliquent que la tendance ministérielle est de ne conserver que la chirurgie ambulatoire dans les petites structures. On leur a expliqué que c’était toute la chirurgie qui devait rester à Orthez pour garantir les emplois mais aussi toute l’offre de soin à Orthez. L’ARS nous a répondu que les besoins de la population n’étaient pas suffisants pour conserver toute la chirurgie.
23 lits de chirurgie pour 80 000 personnes sur le Bassin d’Orthez, vous pensez que c’est trop ?! Selon nous, la réponse de l’ARS rejoint le Plan santé de la ministre Buzyn qui veut transformer de nombreux hôpitaux en « hôpitaux de proximité ». Une délégation, composée de membres du comité de soutien, d’élus et des responsables de la CGT ainsi que les délégués du personnel CGT de la clinique, sera reçue le 28 février à l’ARS de Bordeaux.
Comment s’est passée la manifestation du 16 février ?
De nombreux maires et élus étaient présents, ceints de leur écharpe tricolore. Cette manifestation a regroupé plus de 200 personnes, avec la présence de personnels de la clinique, de l’hôpital, les syndicats CGT et FO, les partis politiques (POID, LFI), des militants du PCF. La politique nationale est en train de tuer notre système de santé et multiplie les déserts médicaux.